Alger : quartier rue Levacher- rue Dupuch
avec les rues Rovigo, Mogador,Saint Augustin,Gandillot,Pirette,...
La rue Mogador d'Alger
Afrique du nord illustrée du 1-8-1936 - Transmis par Francis Rambert
juin 2021

La rue Mogador d'Alger

" L'Afrique du Nord Illustrée " qui, en son étude des cités de ce pays, décrivit tant de voies urbaines auxquelles s'intéressent les touristes, ne pouvait négliger de donner quelque souvenir à la rue algéroise où se trouve son propre siège, à cette rue Mogador au silence relatif de laquelle elle se compose, s'édite, chaque semaine, pour de là se répandre dans la: Colonie, dans la Métropole et ailleurs.

Qu'était avant la Conquête, cette rue Mogador ? Tout simplement un cimetière mozabite qu'en 1844, remplaça une nouvelle nécropole à Bab-el-Oued. Sous Valée, sous Bugeaud, la future voie Mogador porta le nom de la Montagne. Le 22 octobre 1844, le Directeur de l'Intérieur, Comte Guyot, attribua à ce chemin un nom évocateur de l'action militaire du prince de Joinville, à Mogador.

Chose à remarquer, ce fut une rue " de Mogador ", que (logiquement d'ailleurs), voulut avoir Paris, comme il eut, d'autre part, une rue - non d'Isly - mais " de l'Isly ".

La rue accédant à la partie basse de la rue Mogador, près du Corps d'Armée, avait nom autrefois, " rue du Marché ". Un marché se tenait en effet, jadis, sur la place d'Isly que les Arabes dénommaient pour cette raison, " Petit-Boufarik ". L'ordonnance de cette place était alors plutôt humble. Qui eût pu songer, à cette époque, au luxe par exemple, du Bon-Marché actuel ! La rue du Marché depuis 1912, est devenue rue " Généraux Morris " et par un peu banal escalier en zig-zag se prolongea jusqu'à la rue Dupuch.

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rue Mogador
rue Mogador

 



La rue Mogador d'Alger

" L'Afrique du Nord Illustrée " qui, en son étude des cités de ce pays, décrivit tant de voies urbaines auxquelles s'intéressent les touristes, ne pouvait négliger de donner quelque souvenir à la rue algéroise où se trouve son propre siège, à cette rue Mogador au silence relatif de laquelle elle se compose, s'édite, chaque semaine, pour de là se répandre dans la: Colonie, dans la Métropole et ailleurs.

Qu'était avant la Conquête, cette rue Mogador ? Tout simplement un cimetière mozabite qu'en 1844, remplaça une nouvelle nécropole à Bab-el-Oued. Sous Valée, sous Bugeaud, la future voie Mogador porta le nom de la Montagne. Le 22 octobre 1844, le Directeur de l'Intérieur, Comte Guyot, attribua à ce chemin un nom évocateur de l'action militaire du prince de Joinville, à Mogador.

Chose à remarquer, ce fut une rue " de Mogador ", que (logiquement d'ailleurs), voulut avoir Paris, comme il eut, d'autre part, une rue - non d'Isly - mais " de l'Isly ".

La rue accédant à la partie basse de la rue Mogador, près du Corps d'Armée, avait nom autrefois, " rue du Marché ". Un marché se tenait en effet, jadis, sur la place d'Isly que les Arabes dénommaient pour cette raison, " Petit-Boufarik ". L'ordonnance de cette place était alors plutôt humble. Qui eût pu songer, à cette époque, au luxe par exemple, du Bon-Marché actuel ! La rue du Marché depuis 1912, est devenue rue " Généraux Morris " et par un peu banal escalier en zig-zag se prolongea jusqu'à la rue Dupuch.

Marchands de fruits sur la place Bugeaud
Marchands de fruits sur la place Bugeaud
Collection R. et F.Rambert

Accède encore à la rue Mogador, cette fois en sa partie médiane, la rue Roland-de-Bussy qui, dans le passé, portait le nom de rue des Mulets, et sous ce vocable, montait jusqu'au Télemly, couvrant de ce fait, l'espace que devait occuper notre rue Levacher.

Au-delà, c'est l'accession de la rue de " la Poudrière " qui, à l'origine, atteignait aux portes du Sahel, après avoir longé une poudrière de laquelle la voie ascendante tira sa dénomination. Combien lointaine était à ce début, la création en cette rue, d'un Cinéma Olympia, celle encore - antérieure - d'un théâtre des Nouveautés puis d'un Casino, établis sur l'emplacement d'une carrosserie qu'avais installée Bressy !

Bien différente - les anciens s'en souviennent - étant de ce qu'elle est devenue, notre rue Mogador. C'était d'abord en sa partie inférieure, la vaste remise Picard, avec pension pour chevaux, sur l'emplacement même du coquet Alhambra et que, dès 1852, borda, rue d'Isly, un fondouk et un curieux café maure disparu, il y a 25 ans. Plus haut, l'entrée de la rue Levacher se marquait, à sa droite, d'une masse rocheuse surmontée de maisonnettes, ensemble auquel succéda une imposante construction.

Plus haut encore, en bordure de rue Rovigo, une autre grande remise près de laquelle passaient en leur montée pénible, les diligences d'antan que devaient plus tard supprimer T.M.S. et autobus.

En voisinage de la rue Levacher, c'était le typique quartier des teinturiers arabes aux bras polychromes, qu'on retrouvait régulièrement sur le rivage de l'Agha, baignant leurs multiples laines colorées.

Et c'étaient aussi les pittoresques jardinets privés, à arbres fruitiers, dont subsista longtemps un spécimen, en surplomb de la rue Violette (primitivement, rue de la Violette). Enfin, à l'orée de la rue Dupuch, se signalait une fontaine-abreuvoir où vinrent se désaltérer maints chevaux du Corps d'Armée, dont plusieurs participèrent aux expéditions de Tunisie, du Tonkin, de Madagascar.

Rares et sans élévation furent les premières maisons de la rue Mogador ainsi que le prouve dans " l'Illustration " de juillet 1852, la gravure reproduisant l'inauguration de la statue de Bugeaud, et présentant la troupe alignée en arrière, sur le coteau que masque maintenant les constructions de cette rue. Celles érigées de 1860 à 1870, s'offrirent plus en hauteur.

Au sujet de ces dernières, une originalité est à rappeler : la ressemblance dès portes d'entrée, la plupart à grillages métalliques ornés de palmettes, d'amours, de séraphins à viole, décor que conserve toujours le n° 33, et que conserve aussi, rue de Tanger, le n° 7 où naquit le baron Chassériau.

Parmi les bâtiments d'importance fut en premier lieu, en l'adjacente rue du Marché, le Collège arabe-français (actuel XIX° Corps) qui, créé en 1857, eut à sa tête, le distingué orientaliste Cherbonneau, et comprit parmi ses élèves, Ben Sedira, entré à Versailles en 1864, le professeur Ben Brimat, accepté à Cluny en 1866. Là, furent solennellement reçus, en 1858, le Comte et la Comtesse Randon - en 1865, l'Empereur Napoléon III.

Aux jours de promenade, la rue Mogador vit souvent défiler les collégiens musulmans à culotte bleue, à veste amarante sous double croissant d'or, à rouge chéchia agrémentée d'une longue floche.

Devenu en 1876, quartier-général de la Division avec le Général Wolf, le monument, en 1878, fut affecté à la résidence du Chef du XIX° Corps. Le Général Osmont y habita dès lors. Les bureaux, la cavalerie furent du côté Mogador.

Avec l'année 1861, se marque l'origine d'un autre monument. C'est, le 18 mars, en présence du Directeur des Affaires civiles, Mercier-Lacombe, la pose, par Mgr Pavy, de la première pierre du Mont-de-Piété, édifice dont les annexes Mogador, verront pendant des lustres et des lustres, s'entasser nombre de pièces d'art, de souvenirs précieux qu'à l'encan, acquerront tant de spéculateurs. Là, comme garde-magasin fut en 1873, le futur préfet et payeur-général, Paysant, de si sympathique mémoire.

Antérieurement, en 1846, ç'avait été la création de l'établissement des religieuses de la Doctrine Chrétienne, s'ouvrant également, rue Roland-de-Bussy (des Mulets) , établissement dont l'asile comprit plus tard, la légendaire sœur Florence, et le pensionnat, nombre de jeunes personnes de l'ancienne bourgeoisie algéroise. En bordure de la rue Mogador, fut et existe toujours la chapelle de l'institution.

Plus haut, en intersection de la rue de la Poudrière, fut une école de Frères de la même doctrine, faisant face à une école laïque dont le directeur, Dordor, fut le premier instituteur fait ici, chevalier de la Légion d'honneur (1910). Sa classe est maintenant affectée à un commerce d'articles d'éclairage.

Avec 1912, en novembre, c'est l'inauguration du séduisant théâtre de l'Alhambra, de goût hispano-mauresque, où, entre autres célébrités parurent Richepin, Cora Laparcerie, Régina Badet, et qu'une main criminelle incendia en 1935. En 1916, c'est l'ouverture des Galeries de France, également d'inspiration mauresque, et dont, rue Mogador ne tarda pas à s'étendre l'harmonieuse fantaisie de ses lignes de merlons, de ses panneaux de faïence, de ses auvents sculptés.

Bien des hôtes de cette rue eurent leur nom associé à l'histoire d'Alger. Nous nous bornerons à mentionner (pour le n° 45) celui du Conseiller Municipal, Sivry, mort glorieux de la grande guerre, dont une plaque à la Mairie, évoque le souvenir depuis 1919.

Telle fut cette rue Mogador où, centre intellectuel, centre aussi de publicité s'installa en 1931 " L'Afrique du Nord illustrée ", laquelle, fait à noter, eut quelque temps en voisinage, au Corps d'Armée, un centre analogue, désigné : " l'Armée d'Afrique ", que dirigea le Commandant Libéras, et qui initia le public à la belle et séculaire histoire militaire de la France transméditerranéenne.

Jean VENIS, mon frère CALATAYUD ???