rue Levacher- rue Dupuch à Alger
Quelques anciens de la rue Levacher...
Léonide Olivier-Sportiello , cantatrice algéroise
soprano lyrique, à l'opéra comique de la Monnaie de Bruxelles
sur site le 10-8-2008

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ALGER, 1902
Cette année là, une étoile est née à ALGER au 13 de la rue Dupuch, une longue artère en dessous des "Quatre canons" et dominant la rue d'Isly entre le " G.G. " et les Tournants Rovigo. Léonide est la deuxième enfant d'une famille de quatre. Il y a Anna, Libéra-Françoise et Nicolas.

Le père de cette fratrie est Charles Gaétan SPORTIELLO.

Il est photographe de métier mais a une passion : le chant.

C'est un des meilleurs ténors de la Lyre algérienne où sa fille Léonide aime l'accompagner.

LES DEBUTS de CARRIERE
Elle adore chanter.

Son joli timbre de voix est remarqué par Mme Cécile GRILL, son éminent professeur de chant qui vient de l'Opéra Comique et a formé des élèves qui font carrière : Jean PONS, Ninon VANNI, Georges VAILLANT François GATTO...

Léonide, rentre à l'école de musique d'ALGER dirigée par Mr AUBINE (le conservatoire n'existe pas encore) et entame un cursus artistique complet : solfège, déclamation, mise en scène, piano et bien entendu le chant avec Mme GRILL qui pratique la méthode italienne, la meilleure pour l'époque, pour la formation des artistes lyriques.

Mariée avec Mr Antoine OLIVIER, qui sera son mentor tout au long de sa carrière, c'est en 1928 que Léonide OLIVIER-SPORTIELLO obtient un premier prix de chant qui lance sa carrière théâtrale.

L'Opéra Comique de Paris dirigé par les directeurs de l'époque, RIBOU et MASSON souhaitent l'engager, mais la jeune femme ne se sent pas prête, refuse et revient dans sa ville natale.
Sans doute de la sagesse et l'envie de se perfectionner.

Elle prépare alors le répertoire avec Aimé KUNC le chef d'orchestre de l'Opéra d'ALGER.

SON ENVOLEE ET SON PARCOURS ARTISTIQUES

Léonide OLIVIER - SPORTIELLO, son nom de scène, débutera alors à l'Opéra sous la direction de Victor de COTTENS dans la Marguerite de Faust au cours de la saison 1929/30 puis chantera dans Hérodiade et Thaïs

Sa voix de Soprano Lyrique, avec un timbre très personnel et les demi-teintes ravissantes, fait l'unanimité auprès d'un public de connaisseurs. Sa prestance et sa beauté font le reste.
Après ses triomphes algérois et oranais, c'est un nouveau départ pour la France d'abord.
PRUNET, directeur de l'Opéra de Marseille l'engage pour trois ans en 1933. Elle fait face au difficile public marseillais dans Mathilde de Guillaume Tell et malgré un " trac " qui ne la quittera jamais sur scène, elle triomphe dans l'air fameux de " Sombres forêts ".

Cette même année, elle aborde la tétralogie wagnérienne et sera Sieglinde dans la Walkyrie, aux côtés de Marjorie Lawrence et du célèbre ténor Laurist Melchior. Sa carrière est lancée!

Cela ne l'empêchera pas de travailler d'arrache pied un répertoire qui s'étoffe tandis que les grandes villes françaises lui ouvrent leurs bras : Montpellier, Vichy, Nîmes, Avignon, Perpignan, Clermont-Ferrand... Bordeaux, Lyon... Léonide

OLIVIER - SPORTIELLO chante Louise sous la direction de Gustave CHARPENTIER...

A Toulouse, elle travaille sa voix avec le professeur Claude JEAN et se perfectionne avec Mme F. FOURESTIER.

A partir de ce moment, la jeune Algéroise survole le répertoire des grands classiques de l'Opéra où l'accompagnent les plus grands ténors et barytons de l'époque : Laurist Melchior déjà cité, Georges Till, José Luccioni, Saint - Crique et Nougaro le père de Claude.

Sa carrière atteint des sommets et elle est la courtisane dans Thaïs, Salomé d'Hérodiade, Marguerite de Faust... Toujours à la recherche de la perfection, elle sera Manon, Mme Butterfly, Mimi et inoubliable dans la Tosca.

A chacun de ses retours en terre algéroise, c'est encore le triomphe : Elsa de " Lohengrin ", Elisabeth de " Tannhâuser " ou Desdémonde d'Othello. Entre temps, sollicitée par les grandes places européennes comme cantatrice de l'Opéra, l'Opéra Comique et la Monnaie de Bruxelles, elle chantera en Belgique et en Suisse.

A Genève d'ailleurs, en 1941, elle donnera le coup d'envoi d'une finale de football entre le " Servette " et les " Young Boys ". Dans les années cinquante, elle est sollicitée pour partir aux Etats-Unis, mais cette proposition arrive trop tard. Cela fait vingt ans qu'elle parcourt l'Europe et la nostalgie de son pays, l'Algérie. est la plus forte.

En pleine gloire, Léonide OLIVIER - SPORTIELLO décide de tout stopper. Elle revient à ALGER et s'installe au 17, rue Berthezène. En mai 1958, elle sera avec les partisans de l'Algérie française sur le balcon du Gouvernement Général et chantera une Marseillaise émouvante.

Quelques années plus tard, en 1962, meurtrie par la manière dont la France brade son pays natal, elle s'installera avec son mari à Marseille puis Nice, où ses yeux se fermeront le 23 août 1987.

Dans notre famille que le vent d'un exode forcé a éparpillé dans l'Hexagone, lorsque nous avons la chance de nous retrouver, nous nous souvenons avec émotion de sa gentillesse, de son élégance et de son charme souriant qui firent de Léonide OLIVIER - SPORTIELLO, une grande et merveilleuse cantatrice, née au 13 de la rue Dupuch à ALGER.

sportiello