ALGER, 1902
Cette année là, une étoile est née à
ALGER au 13 de la rue Dupuch, une
longue artère en dessous des "Quatre canons" et dominant
la rue d'Isly entre le " G.G. " et les
Tournants Rovigo. Léonide est la deuxième enfant
d'une famille de quatre. Il y a Anna, Libéra-Françoise et
Nicolas.
Le père de cette fratrie est Charles Gaétan SPORTIELLO.
Il est photographe de métier mais a une passion : le chant.
C'est un des meilleurs ténors de la Lyre algérienne où
sa fille Léonide aime l'accompagner.
LES DEBUTS de CARRIERE
Elle adore chanter.
Son joli timbre de voix est remarqué par Mme Cécile GRILL,
son éminent professeur de chant qui vient de l'Opéra Comique
et a formé des élèves qui font carrière :
Jean PONS, Ninon VANNI, Georges VAILLANT François GATTO...
Léonide, rentre à l'école de musique d'ALGER dirigée
par Mr AUBINE (le conservatoire n'existe pas encore) et entame un cursus
artistique complet : solfège, déclamation, mise en scène,
piano et bien entendu le chant avec Mme GRILL qui pratique la méthode
italienne, la meilleure pour l'époque, pour la formation des artistes
lyriques.
Mariée avec Mr Antoine OLIVIER, qui sera son mentor tout au long
de sa carrière, c'est en 1928 que Léonide OLIVIER-SPORTIELLO
obtient un premier prix de chant qui lance sa carrière théâtrale.
L'Opéra Comique de Paris dirigé par les directeurs de l'époque,
RIBOU et MASSON souhaitent l'engager, mais la jeune femme ne se sent pas
prête, refuse et revient dans sa ville natale.
Sans doute de la sagesse et l'envie de se perfectionner.
Elle prépare alors le répertoire avec Aimé KUNC le
chef d'orchestre de l'Opéra d'ALGER.
SON ENVOLEE ET SON PARCOURS ARTISTIQUES
Léonide OLIVIER - SPORTIELLO, son nom de scène, débutera
alors à l'Opéra sous la direction de Victor de COTTENS dans
la Marguerite de Faust au cours de la saison 1929/30 puis chantera
dans Hérodiade et Thaïs
Sa voix de Soprano Lyrique, avec un timbre très personnel et les
demi-teintes ravissantes, fait l'unanimité auprès d'un public
de connaisseurs. Sa prestance et sa beauté font le reste.
Après ses triomphes algérois et oranais, c'est un nouveau
départ pour la France d'abord.
PRUNET, directeur de l'Opéra de Marseille l'engage pour trois ans
en 1933. Elle fait face au difficile public marseillais dans Mathilde
de Guillaume Tell et malgré un " trac " qui ne la
quittera jamais sur scène, elle triomphe dans l'air fameux de "
Sombres forêts ".
Cette même année, elle aborde la tétralogie wagnérienne
et sera Sieglinde dans la Walkyrie, aux côtés de Marjorie
Lawrence et du célèbre ténor Laurist Melchior.
Sa carrière est lancée!
Cela ne l'empêchera pas de travailler d'arrache pied un répertoire
qui s'étoffe tandis que les grandes villes françaises lui
ouvrent leurs bras : Montpellier, Vichy, Nîmes, Avignon, Perpignan,
Clermont-Ferrand... Bordeaux, Lyon... Léonide
OLIVIER - SPORTIELLO chante Louise sous la direction de Gustave CHARPENTIER...
A Toulouse, elle travaille sa voix avec le professeur Claude JEAN et se
perfectionne avec Mme F. FOURESTIER.
A partir de ce moment, la jeune Algéroise survole le répertoire
des grands classiques de l'Opéra où l'accompagnent les plus
grands ténors et barytons de l'époque : Laurist Melchior
déjà cité, Georges Till, José Luccioni, Saint
- Crique et Nougaro le père de Claude.
Sa carrière atteint des sommets et elle est la courtisane dans
Thaïs, Salomé d'Hérodiade, Marguerite de
Faust... Toujours à la recherche de la perfection, elle sera
Manon, Mme Butterfly, Mimi et inoubliable dans la Tosca.
A chacun de ses retours en terre algéroise, c'est encore le triomphe
: Elsa de " Lohengrin ", Elisabeth de " Tannhâuser
" ou Desdémonde d'Othello. Entre temps, sollicitée
par les grandes places européennes comme cantatrice de l'Opéra,
l'Opéra Comique et la Monnaie de Bruxelles, elle chantera en Belgique
et en Suisse.
A Genève d'ailleurs, en 1941, elle donnera le coup d'envoi d'une
finale de football entre le " Servette " et les " Young
Boys ". Dans les années cinquante, elle est sollicitée
pour partir aux Etats-Unis, mais cette proposition arrive trop tard. Cela
fait vingt ans qu'elle parcourt l'Europe et la nostalgie de son pays,
l'Algérie. est la plus forte.
En pleine gloire, Léonide OLIVIER - SPORTIELLO décide de
tout stopper. Elle revient à ALGER et s'installe au 17, rue Berthezène.
En mai 1958, elle sera avec les partisans de l'Algérie française
sur le balcon du Gouvernement Général et chantera une Marseillaise
émouvante.
Quelques années plus tard, en 1962, meurtrie par la manière
dont la France brade son pays natal, elle s'installera avec son mari à
Marseille puis Nice, où ses yeux se fermeront le 23 août
1987.
Dans notre famille que le vent d'un exode forcé a éparpillé
dans l'Hexagone, lorsque nous avons la chance de nous retrouver, nous
nous souvenons avec émotion de sa gentillesse, de son élégance
et de son charme souriant qui firent de Léonide OLIVIER - SPORTIELLO,
une grande et merveilleuse cantatrice, née au 13 de la rue Dupuch
à ALGER.
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